La théorie économique a pendant longtemps postulé l’ordre naturel (ou ordre spontané) des marchés et souligné l’efficience des marchés concurrentiels qui assurent une répartition équitable des richesses. Force est néanmoins de constater que les sociétés ont très tôt organisé les échanges, qu’ils s’agissent des marchés aux enchères de Babylone (500 av. J-C.) ou des foires flamandes du Moyen-Age. L’économie industrielle montre cependant que toute production ne peut pas s’écouler au travers d’un marché concurrentiel : ainsi, quand les coûts à l’entrée (sunk costs) sont trop élevés, comme dans le secteur de l’énergie, la forme optimale du marché peut être un monopole dit « naturel ». Comment assurer alors une répartition équitable du surplus ? Un marché concurrentiel doit produire une quantité de marchandise à coût marginal et qui satisfasse la demande à ce prix. Dans le cadre par exemple de l’activité de pêche, il s’agit d’exploiter la réserve halieutique pour satisfaire une demande croissante (démographie, augmentation des besoins). Cela se fait au détriment de la préservation de la ressource et présente des dangers pour la ressource future. La lutte contre le réchauffement climatique et pour la préservation de la bio-diversité posent maintenant la question de l’accès à des biens pour lesquels on en peut pas organiser de marché. Les événements extrêmes de l’été 2022 et les tensions géo-politiques soulignent l’importance de la gouvernance : quand la rareté augmente, les marchés trouvent leurs limites dans leurs capacités à assurer l’accès aux ressources.